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Lampe
à
boutons |
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Abat-jour
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Un
pied de lampe s'ennuyait sur le haut d'une armoire. Il
soupirait.
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le
pied : Je
suis venu de loin, des pays chauds. J'ai pris l'avion et
me voilà délaissé et inutile. Pourtant, je suis beau, en
marbre. J'ai de belles nervures vert pâle, rouille et
blanches. Et c'est pour cela que j'ai été acheté et amené
ici. Mais depuis, rien.
Vais-je un jour trouver un
emplacement et l'abat-jour de ma vie ?
Les
carcasses d'abat-jours entendent cette complainte et vont
lui rendre visite. Certaines se proposent d'essayer sa
douille
baïonnette. Mais
aucune ne convient, soit sa bague est trop large, soit
sa forme déplaît au pied de marbre.
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le
pied : Je
souhaite un abat-jour aussi large que je suis haut, pour
donner une impression de stabilité.
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Enfin
une carcasse plus large que haute, se présente et sa
bague
s'adapte parfaitement à la douille
baïonnette du pied.
Il ne reste qu'à visser une bague pour
solidariser la carcasse au pied. Le pied a enfin trouvé son
âme-sœur.
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la carcasse : Je
suis bien installée, mais ne suis qu'un squelette.
Une
aiguille entend la remarque de la carcasse et se décide
de l'aider. |
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Avec zèle, elle cherche dans les boîtes de tissus,
galon et soutache, des éléments coordonnés aux teintes
du marbre et n'est pas satisfaite. Elle ouvre alors
d'autres boîtes, contenant des chutes de tissus, des rubans et des boutons.
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l'aiguille : Qu'est-ce
que je peux trouver en jaune &
vert ?
Elle trouve deux
nœuds en
organdi
et des lanières de coton. Elle découd
les nœuds
et obtient six carrés de tissus.
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Elle décide d'appliquer un carré d'organdi sur
chaque pan de la carcasse. Pour cela, elle
entoure chaque branche de ruban blanc, qui
servira de fixation.
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l'aiguille : J'espère
que je te pique pas trop.
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la carcasse : Je
ressemble à une momie.
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l'aiguille : Maintenant
je t'habille.
Elle
coud chaque morceau d'organdi sur les
montants latéraux et sur une branche. |
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Le carré de tissu étant plus grand que
chaque surface, elle rabat la partie
libre sur la branche contigüe. La partie
rabattue sera cousue à l'intérieur de
l'abat-jour.
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l'aiguille : Et
voilà une poche intérieure.
Lorsque les six morceaux
d'organdi sont assemblés, elle coud à
cheval sur les montants latéraux, les
bandes de coton jaunes et vertes, en
intervertissant les couleurs. |
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l'abat-jour : Je
suis habillée maintenant, en bicolore.
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l'aiguille : Je
n'ai pas encore fini, il faut remplir les poches
pour atténuer la transparence.
Elle ajoute de la laine dans les poches
intérieures.
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l'aiguille : Et
la touche finale...
Puis deux boutons de nacre par pan, sur la
couture double-épaisseur d'organdi.
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le
pied : Je
suis conquis et comblé. |
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Embrasses
“nœud” organdi des 3 suisses, lanières
de coussins en coton épais
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Conception, texte et photos de Valérie Kulig |
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