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Escalator |
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Par
ce beau samedi de printemps, sous prétexte d'économiser
un ticket de métro, je décidais d'aller à pieds jusqu'au
centre commercial de la Porte de Bagnolet. Longeant le
cimetière du Père Lachaise, une question existentielle
monopolisait mes pensées.
''Je suis en pleine
forme, j'ai accumulé beaucoup de compétences et
connaissances. Quelle est mon utilité aujourd'hui dans
cette société ?''
En plein
questionnement et doute sur mes capacités et valeurs, je
cheminais, côtoyant les passants et les voitures,
traversant les rues, logeant les vitrines des boutiques.
Dans
la grande surface, la sélection des articles a écarté
la question existentielle qui m'habitait.
En
me rendant à l'une des caisses, j'aperçus la silhouette
d'une jeune fille à la chevelure blonde vénitien. Sa
démarche tête baissée, attira mon attention, son visage
étant invisible. Sans hésitation, la jeune fille se
rendit à une caisse beaucoup plus rapide que celle que
j'avais choisie.
Aussi
ayant enfin payé mes articles et quitté la grande
surface, je fus étonnée de l'attroupement au niveau des
escalators. La jeune fille blonde était immobile sur le
palier supérieur d'un des escalators. Le groupe des
clients attendant pour descendre, grossissait derrière
elle. Elle semblait pétrifiée, fixant la descente.
Arrivant par le côté
opposé au groupe grossissant, je pu m'approcher de la
jeune fille apeurée. Je tenta de prendre son bras, mais
elle le dégagea. Je me retrouvais alors devant elle, sur
le tapis roulant et lui parla. Je la rassurais, lui
indiquant la rampe à saisir, lui conseillant de lever le
pied pour avancer sur le tapis. Elle surmonta sa crainte
et arriva à descendre. Le palier inférieur atteint, elle
réussit à enjamber la marche et accéder au deuxième
escalator. Mêmes paroles et encouragements, nous
atteignîmes le rez-de-chaussée. Et là, tout simplement,
je lui expliqua que nos chemins allaient se séparer, que
je devais prendre le métro.
Elle
ne parlait pas, mais pour toute réponse, je pu
apercevoir sur son visage caché, une partie d'un
merveilleux sourire. Elle ne su pas ce jour
là, qu'elle avait répondu à mon appel à l'aide. Merci
Mademoiselle pour ce cadeau. |