Ce
samedi matin de printemps frileux, la petite dame avait
froid sur le quai de la station Saint-Maur. Elle
n'aimait pas les courants d'air virulents. Souffrant de
rhumatismes à l'épaule, elle prenait soin de bien se
couvrir en respectant l'adage : 'En Avril ne te découvre
pas d'un fil.'
Pourtant ses vigoureux
courants d'air n'ont pas entamé sa bonne humeur. Tant
qu'elle peut vivre autonome dans son logement, en
nettoyant elle-même ses vitres malgré les douleurs,
elle continue. Après elle verra. Le plus important pour
elle, c'est la santé.
Et si une âme
critique lui déclare qu'elle est heureuse parce qu'elle
n'a pas de soucis, elle lui répond qu'à 33 ans, elle a
perdu son mari et a élevé seule ses deux enfants, que
son fils est décédé à l'âge de 16 ans et que sa fille a
eu un accident, la rendant paraplégique et se déplace
maintenant en fauteuil.
Son
bonheur aujourd'hui est son unique petite fille,
étudiante en neurochirurgie qui vient lui rendre visite
pendant les vacances de Pâques. Elle se promet de tout
faire pour l'aider, fière de cette vocation, elle qui
fut comptable. Sa petite fille est son rayon de soleil.
Et lorsque cette petite
dame descend de la rame de métro à la station Gambetta, elle dit 'merci' pour cet échange.
Et moi petite madame, je
vous dit aussi 'merci' pour avoir été mon rayon de
soleil de ce jour. |